Comment dépasser la procrastination grâce à la Gnose : reconnaître ce qui en toi retarde l’évidence
- Pascale de Tol

- 23 nov.
- 5 min de lecture
La procrastination est souvent présentée comme un défaut : manque de volonté, manque de discipline, manque de motivation. Le monde adore faire croire que si tu retardes les choses, c’est parce que tu te laisses aller, que tu ne fais pas assez d’efforts, ou que tu manques de rigueur. Pourtant, dans une vision gnostique, ce discours passe complètement à côté de la réalité intérieure.
La procrastination n’est pas un problème de volonté, elle n’est même pas un problème de motivation, c’est un jeu intérieur, un glissement discret de la psyché qui prend la barre à la place de l’étincelle.
Dès que la psyché dirige, tout se met à perdre sa clarté : l’action se charge d’enjeux, les idées s’alourdissent, l’esprit se contracte, et la moindre tâche se transforme en épreuve.
La Gnose éclaire ce mécanisme avec une précision tranchante : tu ne retardes pas l’action parce que tu serais faible ou dispersé, tu la retardes parce qu’une partie de toi s’accroche à une ancienne mise en scène intérieure.
C’est exactement là qu’intervient l’approche gnostique : voir ce qui agit en toi à ta place.
Cette vision change tout, car elle fait passer la procrastination du statut d’ennui terrien au statut de signal intérieur : celui qui t’indique que la psyché a repris le contrôle. À partir de là, la clé n’est plus de “forcer” l’action, mais de ramener l’étincelle en avant.
La procrastination gnostique : quand la psyché occupe la scène et déplace l’évidence
Dans une perception gnostique, chaque élan véritable part de l’étincelle, jamais de la psyché. L’étincelle agit avec une clarté paisible, sans agitation, sans drame, avec une simplicité presque déconcertante.
À l’inverse, la psyché adore compliquer l’existence : elle crée des scénarios, des attentes, des tensions, des appréhensions, des images idéales du résultat. Elle transforme une simple action en montagne. Alors que l’étincelle, elle, traverse la vie comme l’eau suit son lit : avec une douceur ferme.
La procrastination apparaît précisément lorsque la psyché parvient à installer son théâtre : peur du regard extérieur, peur de rater, besoin d’être impeccable, pression invisible, surcharge mentale, fatigue émotionnelle.
Tout cela a un point commun : ce n’est pas toi. C’est un personnage intérieur qui cherche à te protéger d’un risque imaginaire. La psyché adore prévenir un danger fictif, quitte à empêcher tout mouvement.
Ce regard gnostique évite les jugements habituels. Il invite à un geste intérieur radical : voir qui parle en toi.
Est-ce la part tranquille qui sait ? Ou la part agitée qui craint ? Une fois cette distinction posée, la procrastination commence à se dissoudre, car elle perd son camouflage.
Repérer la part intérieure qui bloque ton élan à agir

Chaque fois que tu retardes une action, il y a une figure intérieure en arrière-plan. Elle se manifeste avec sa couleur, ses phrases toutes faites, ses émotions propres. La Gnose invite à les reconnaître, car elles agissent comme des puissances intérieures qui orientent ta vie loin de ton axe.
Voici les figures les plus fréquentes :
Le gardien du regard extérieur
Il veut tout maîtriser, Il cherche une image impeccable, Il redoute l’erreur, l’imperfection, l’inachevé. Il crée une attente impossible, ce qui fige tout.
Sa phrase préférée : « Attends encore un peu, ce n’est pas assez prêt. » Ce gardien n’est pas mauvais… il est juste paniqué par l’idée d’être visible.
Le serviteur épuisé
Il porte des siècles de dévouement intérieur. Il associe chaque effort à une charge, une pression, une responsabilité qui dépasse la tâche elle-même. Pour lui, agir signifie se vider.
Résultat : il retarde l’action parce qu’il se prépare à “survivre” à l’effort.
L’adepte de l’extraordinaire
Il veut que tout soit vibrant, spectaculaire, inspiré. Il déteste la simplicité. Si une action paraît plate, il se détourne. Il espère une impulsion fulgurante, un signe céleste, une vague d’enthousiasme. Tout ce qui ne ressemble pas à un éclair lumineux l’ennuie, alors il attend une inspiration qui ne vient pas.
Voir ces personnages, c’est déjà reprendre la maîtrise. Une figure identifiée perd sa capacité à te manipuler. Elle s’apaise sous le regard conscient, comme une ombre éclairée par une bougie.
Revenir à l’essentiel : choisir le tout premier geste qui relance l’action
L’un des secrets les plus simples et les plus efficaces de la Gnose pour dissoudre la procrastination consiste à réduire l’action à sa première trace.
La psyché adore les projets gigantesques, les visions à dix étages, les objectifs titanesques. L’étincelle, elle, avance par gestes minuscules qui s’enchaînent sans effort.
Ramener une action à son seuil réel signifie :
écrire une phrase, pas un chapitre ;
ouvrir la fenêtre du projet, pas le réaliser d’un coup ;
déplacer un objet, pas ranger une pièce entière ;
écrire à quelqu’un, pas résoudre l’histoire entière.
Ce geste initial porteur de vérité coupe l’élan de la psyché qui tentait d’ajouter du poids. Il réactive l’évidence. Il rallume la présence. Il dissout la tension.
La puissance de cette approche tient à ceci : le premier geste contient déjà la totalité du mouvement. Une fois engagé, l’élan se déroule avec une fluidité inattendue. Il n’a jamais eu besoin d’effort, seulement d’un retour à l’intérieur.
Sortir du mythe du “moment parfait” : l’action vraie se vit dans l’instant
La psyché adore fabriquer des excuses élégantes :
“Je ferai ça quand je serai apaisé(e).”
“Quand j’aurai plus d’énergie.”
“Quand j’y verrai plus clair.”
“Quand j’aurai du temps.”
Ce mythe du “moment parfait” agit comme un piège subtil. Il crée un futur imaginaire dans lequel tout serait aligné… pour éviter d’agir dans le présent réel. La Gnose éclaire ce piège : le seul moment où l’étincelle peut agir, c’est maintenant. L’action vraie n’attend pas une météo idéale, elle s’ancre dans ce qui est déjà disponible : toi, ici, avec ton souffle et ta présence.
L’astuce gnostique est simple :l’action juste vient quand tu te rends présent à ton axe, pas quand l’extérieur se mettrait à briller.
Le corps comme clé : revenir dans la sensation pour dissoudre l’inertie
La procrastination s’installe lorsque la psyché se coupe du corps. Le mental s’emballe, fabrique des scénarios, renforce les tensions, multiplie les excuses, et le corps reste mis à distance. La Gnose renverse ce mouvement : ramener la conscience dans la sensation.
Un exercice très simple suffit :
Inspire lentement.
Porte ton attention au centre du sternum.
Ressens le point de lumière intérieure, comme un battement subtil.
Laisse surgir un geste minuscule, juste un.
Ce contact avec la sensation ramène la présence. La présence coupe les histoires anciennes. Et les histoires anciennes étaient la seule nourriture de la procrastination.
L’action comme expression de l’étincelle : retrouver la fluidité naturelle
Dans la vision gnostique, agir ne sert pas à accomplir quelque chose dans le monde. L’action véritable a une seule source : elle exprime l’étincelle. Elle manifeste le mouvement intérieur déjà présent.
Elle n’a pas pour but d’obtenir, prouver ou corriger, elle déploie ta présence dans la matière, avec une clarté tranquille.
C’est ce qui explique que les actions qui semblaient lourdes deviennent soudain légères lorsque tu agis depuis ton axe. Elles cessent d’être des obligations, elles deviennent des prolongements naturels de ce que tu es.
Le renversement est radical : tu n’agis plus parce que tu dois, tu agis parce que tu te rappelles.
Ce changement intérieur dissout la procrastination à la racine.
Pascale de Tol



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