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Les sept puissances selon le livre secret de Jean

Depuis les premiers siècles de notre ère, les écrits gnostiques parlent de puissances, de voiles et de mondes intermédiaires entre l’origine divine et notre incarnation terrestre. Ces notions, parfois confondues dans les interprétations modernes, désignent en réalité des réalités vibratoires bien distinctes. Parmi elles, les sept puissances occupent une place essentielle. Elles apparaissent dans plusieurs textes fondamentaux de la bibliothèque de Nag Hammadi, comme Le Livre secret de Jean, L’Apocryphon de Jean 

Mais que sont réellement ces puissances ? Et pourquoi leur reconnaissance est-elle une clé du retour à soi dans la vision gnostique ?



La création du monde par ignorance


Pour comprendre les puissances, il faut d’abord rappeler la cosmogonie gnostique. Selon Le Livre secret de Jean, le monde que nous connaissons n’a pas été créé par le Dieu véritable — source de lumière, d’unité et de plénitude (le Plérôme) — mais par un être déchu, le Démiurge, aussi appelé Yaldabaoth.


Né d’une émanation imparfaite de la puissance divine appelée Sophia, ce Démiurge, ignorant sa propre origine, se prend pour le seul Dieu existant. Il crée un monde à son image : fragmenté, hiérarchisé, basé sur l’oubli et la domination.


Dans cet acte de création illusoire, il ne travaille pas seul. Il engendre autour de lui des entités, des archontes, auxquels il délègue l’organisation du monde matériel et psychique. Parmi ces forces se trouvent les sept puissances, sortes de piliers vibratoires qui soutiennent l’illusion du monde et maintiennent l’étincelle divine prisonnière de la matière.



Qui sont les sept puissances dans la Gnose ?


Les textes gnostiques les présentent sous différents noms, mais leur fonction reste constante : elles sont les gardiennes de l’oubli, les forces qui voilent, fragmentent, capturent.


Dans Le Livre secret de Jean, elles sont associées aux forces psychiques que le Démiurge engendre en voulant imiter la création divine. Chacune d’elles représente un aspect de la fausse structure cosmique dans laquelle l’humain est enfermé.


Elles ne sont pas des démons au sens moral, mais des puissances d’ordre vibratoire et psychique, qui maintiennent l’être dans une fausse perception de soi et du réel.


Les puissances dans l’Évangile de Marie : un combat intérieur


Dans L’Évangile de Marie, on retrouve cette même structure à travers le parcours de l’âme après la mort. Le texte montre une âme qui remonte vers sa source, mais qui doit d’abord affronter plusieurs Puissances qui lui posent chacune une question : celle des Ténèbres, celle du Désir, celle de l’Ignorance, et d’autres dont les noms ne sont pas explicitement donnés dans le fragment conservé.


Chacune tente de retenir l’âme en lui reprochant ce qu’elle a fait sur Terre, en réveillant en elle la peur, la honte, ou le sentiment de faute.


Ces puissances ne sont pas extérieures. Elles ne sont pas des démons que l’on croiserait après la mort comme dans une fable morale. Ce sont les résidus vibratoires de l’oubli, les parties de nous qui ont été façonnées par le monde psychique, et qui doivent être traversées une à une pour que l’étincelle divine puisse se libérer et retourner à sa source.


Ces puissances symbolisent :


1. L’obscurité

→ Ce qui fait croire que l’on est séparé de la lumière.


2. Le désir

→ L’impulsion à chercher l’extérieur, à se nourrir de l’autre ou du monde.


3. L’ignorance

→ La perte de mémoire, la confusion entre l’image et l’essence.


4. La crainte de la mort

→ Ce qui pousse à rester dans les systèmes de survie ou de protection.


5. Le royaume de la chair

→ L’identification au corps, aux besoins, à la matière.


6. La fausse paix

→ L’illusion d’être sauvé dans un état tiède, sans vérité.


7. La sagesse charnelle

→ La croyance d’avoir tout compris avec le mental, alors que le cœur est encore fermé.




Le rôle de ces puissances


Ces puissances sont comme des gardiennes des seuils, elles testent la profondeur du retournement intérieur.

Chacune représente une illusion, un attachement, ou une croyance issue du monde dominé par le Démiurge et les archontes. Tant qu’on y adhère, l’élévation reste impossible.


Ce n’est pas une punition, mais une loi vibratoire : ce qui est encore enchaîné ne peut pas remonter. Et ce qui est libre passe.



Reconnaître les sept puissances : traverser les gardiennes de l’oubli selon la Gnose


Des forces invisibles qui structurent l’oubli


Dans les écrits gnostiques anciens, un même enseignement revient, murmuré à travers les siècles : l’être véritable ne peut se retrouver qu’en traversant les puissances qui l’ont enfermé dans l’oubli. Ces puissances ne sont pas simplement des entités mythologiques. Elles sont des forces vibratoires, des architectures subtiles qui ont participé à la construction d’un monde inversé, où la lumière semble extérieure, et l’obéissance à l’ordre établi se fait passer pour vérité. Reconnues dans Le Livre secret de Jean, mais aussi évoquées sous forme voilée dans L’Évangile de Marie, les sept puissances gardent les seuils de notre mémoire divine. Les comprendre, c’est ne plus les craindre. Les voir, c’est commencer à les traverser.


Une création issue de la chute


Pour les porteurs de la Gnose, ce monde n’a pas été créé par le Très-Haut. Il est né d’une rupture dans la chaîne de lumière, lorsqu’une émanation divine — Sophia — voulut créer sans son complément.

De cette création incomplète surgit un être ignorant sa véritable origine : le Démiurge. Pensant être Dieu, il forge un monde à son image, structuré par l’illusion, le contrôle, le jugement et la séparation. Autour de lui naissent les archontes, et parmi eux, les sept puissances, sortes de piliers vibratoires du faux univers.





Le nom et les fonctions vibratoires des 7 puissances


Ces puissances ne sont pas que des noms anciens, ce sont des forces encore actives aujourd’hui dans les pensées, les émotions, les croyances spirituelles. Elles ne sont pas extérieures à nous, elles vivent dans les couches de notre psyché, dans tout ce qui a été formé par le monde.


Voici leur nom, tel qu’on les retrouve dans Le Livre secret de Jean, et la fonction vibratoire que la tradition gnostique leur associe :


1. Athoth


La première puissance. Elle correspond à l’illusion du je suis séparé. Athoth insuffle le doute originel, la coupure d’avec la source, elle marque le basculement de l’unité vers l’identification.


2. Eloaïos


Elle structure la mémoire de cette séparation. Elle inscrit dans la psyché la peur de ne plus être aimé de la Source. C’est la puissance des blessures d’abandon, d’exil, d’indignité.


3. Astaphaios


C’est la force de la réaction. Elle active les compensations : volonté de briller, de réussir, de mériter. Elle fait naître l’ego actif, celui qui cherche à réparer ce qui ne peut l’être qu’en se souvenant.


4. Yao


Yao une des 7 puissances

Elle introduit la notion de hiérarchie spirituelle. Elle fait croire qu’il existe des êtres “plus avancés”, que la vérité est réservée à quelques élus. C’est elle qui inspire l’obéissance aveugle aux systèmes religieux ou ésotériques.


5. Sabaoth


Elle divise le monde en bien et mal. C’est elle qui instaure la dualité morale, les lois, les fautes. Elle crée la peur d’être jugé par un “dieu” extérieur, et la quête du pardon ou du mérite.


6. Adonaïos


Elle agit à travers le besoin de sécurité, d’identité, d’appartenance. Elle fixe l’âme dans la matière, la culture, la lignée. Elle fait croire que l’être doit “faire partie de quelque chose” pour exister.


7. Sabaoth (le second) / Abraxas


La plus difficile à percevoir, car elle imite la lumière. Elle donne l’impression d’être “arrivé”, d’avoir compris. Mais elle n’est qu’un miroir de la vérité, sans substance réelle. Elle soutient les croyances new age, les synchronicités, les faux éveils...


Leurs noms varient légèrement selon les manuscrits, car ces entités sont avant tout des forces ou principes, et non des individus fixes. Elles correspondent à des niveaux d’illusion : illusion du moi, illusion du pouvoir, illusion de la loi, illusion du salut extérieur, illusion du bien et du mal, illusion de la hiérarchie divine, illusion du temps.



Les puissances sont-elles mauvaises ?


Dans la vision gnostique, les puissances ne sont pas « mauvaises » au sens où nous l’entendons souvent. Elles sont des résultats d’une chute vibratoire, des constructions mentales, émotionnelles et astrales qui se sont figées en niveaux de réalité.


Elles participent au maintien du monde psychique, mais elles n’ont pas le pouvoir d’empêcher l’être divin de se souvenir. Elles règnent uniquement tant que l’étincelle dort. Dès que la mémoire se réveille, leur pouvoir s’effondre.


Il ne s’agit donc pas de les combattre, mais de les reconnaître, les voir pour ce qu’elles sont, et les traverser. C’est ce que fait l’âme dans l’Évangile de Marie lorsqu’elle répond à chaque Puissance par la conscience de sa propre origine :


« Je n’ai reconnu en toi aucune origine durable. »


Il est important de comprendre que leur pouvoir ne vient pas de leur force, mais de notre oubli.

Tant que l’être s’identifie à ses blessures, ses croyances, sa quête de salut ou de reconnaissance, il reste sous leur influence. Mais dès qu’il se souvient de ce qu’il est réellement, leur voix se brouille, leur forme se dissout. Le souvenir dissout la structure.



Une ascension intérieure


Le parcours de libération dans la Gnose est souvent représenté comme une ascension à travers les puissances, les sphères et les voiles. Chaque traversée correspond à une couche d’oubli qui se dissout. Ce chemin n’est pas à projeter dans l’après-vie : il commence ici, maintenant, dans le corps, dans le monde, par un retournement de la conscience.


Les puissances apparaissent alors non comme des entités extérieures, mais comme des structures intérieures à défaire : les croyances profondes héritées du monde, les attachements, les jugements, les attentes spirituelles même.


Tout ce qui structure le faux « je » est une puissance, et toute puissance peut être traversée par la lumière de la mémoire.



Pourquoi sept puissances ?


Le chiffre sept n’est pas anodin. Dans de nombreuses traditions, il symbolise la totalité d’un cycle dans la matière : les sept jours, les sept sphères planétaires, les sept chakras.


Les puissances forment une structure complète du mensonge cosmique, une sorte de clôture vibratoire que l’étincelle doit franchir pour retrouver le Plérôme.


Ce n’est qu’après la septième puissance que le retour à la Vérité devient possible. Cela ne signifie pas un effort dans le temps, mais une profondeur dans la conscience. Tant que la septième puissance n’est pas reconnue comme illusion, l’être reste sous l’emprise du monde, même s’il pense être éveillé.



Le passage par la mémoire


Il ne s’agit donc pas de monter, de purifier, de transcender, comme le propose le New Age, mais de se souvenir.


Les puissances perdent leur emprise dès lors que l’être ne s’identifie plus à ce qu’elles nourrissent : le désir, la peur, le mérite, la faute, la croyance en un dieu extérieur.


La traversée des puissances est un dépouillement, un effondrement des couches psychiques, jusqu’à ce que la lumière intérieure puisse dire, comme Jésus dans les logia : « Je suis issu de Celui qui est. »


Chaque puissance franchie est une fausse racine coupée. Chaque réponse donnée dans la vérité est une victoire sur l’oubli, et cette victoire n’est pas une conquête, mais une réminiscence.



Les puissances aujourd’hui : comment les reconnaître ?


Même si les noms anciens peuvent paraître lointains, les puissances sont encore très actives dans le monde moderne.


Elles se cachent sous des formes séduisantes : la réussite spirituelle, le désir d’ascension, les lois d’attraction, la croyance en un karma mérité, la quête d’un guide, la peur de ne pas être à la hauteur.


Toutes ces structures sont des prolongements contemporains des puissances gnostiques. Elles maintiennent l’être divin dans une cage dorée, parfois vibrante, mais toujours construite sur une séparation d’avec la source. Voir cela est le premier pas vers la liberté.



Questions vibratoires pour aller plus loin


1. Quelle est la puissance qui agit le plus dans ma vie aujourd’hui ?

Est-ce le besoin de reconnaissance ? La peur de ne pas être aimé ? La quête d’un but spirituel ?


2. À quel moment ai-je senti une résistance intérieure en lisant cet article ?

C’est peut-être là que se cache encore une attache vibratoire à une puissance.


3. Ai-je déjà ressenti que l’oubli en moi n’était pas définitif ?

Et si ce souvenir qui frémit parfois était le vrai chemin de retour ?


4. Que se passerait-il si je cessais de me battre contre les puissances, et que je les traversais simplement en conscience ?

Serais-je prêt à ne plus avoir d’histoire à raconter sur moi, et simplement être ?



Souviens-toi : les puissances ne sont fortes que tant que tu "dors", mais dès que tu te rappelles que tu viens d’ailleurs, que la lumière en toi ne vient pas de ce monde, leur voix s’éteint.


Elles reculent, et il ne reste plus que ce silence vivant, ce feu qui ne brûle pas, ce nom intérieur que rien ne peut effacer. 


Nhésite pas pas à commenter ou à poser une question si le besoin s'en fait sentir.


Que la Lumière Divine t'accompagne.



Pascale de Tol

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