Évangile de Judas : les falsifications qui ont voulu brouiller le message originel
- Pascale de Tol
- 30 juil.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 31 août
Un texte rare… mais malheureusement trahi
L’Évangile de Judas est souvent associé, à tort, aux textes de Nag Hammadi. En réalité, il n’en fait pas partie : il a été retrouvé séparément dans les années 1970, dans un manuscrit copte appelé le Codex Tchacos, découvert en Égypte mais transmis ensuite par des circuits privés avant d’être rendu public au début des années 2000. Ce texte n’en reste pas moins l’un des plus puissants témoignages gnostiques jamais exhumés.
Pourtant, malgré sa portée immense, ce texte ne nous est pas parvenu dans sa version pure. Ce que nous lisons aujourd’hui n’est pas l’Évangile de Judas originel, mais une version reconstruite à partir d’un manuscrit très endommagé… et manifestement retouché.
Le simple fait que le manuscrit soit resté entre des mains privées pendant plusieurs décennies, puis restauré dans un cadre universitaire fortement influencé par les dogmes religieux, aurait déjà dû nous alerter. Mais au-delà des circonstances historiques, c’est le contenu lui-même qui révèle que quelque chose sonne faux.

Ce que dit le texte actuel… et ce qui dérange
Dans sa version connue aujourd’hui, l’Évangile de Judas commence par ces mots :
« Le récit secret de la révélation que Jésus a dite dans une conversation avec Judas Iscariote pendant huit jours, trois jours avant qu’il ne célèbre la Pâque. »
Et très vite, on y lit ceci :
« Jésus apparut sur terre et accomplit des miracles et de grandes merveilles pour le salut de l’humanité. »
(Traduction de l’introduction du codex Tchacos)
Cette phrase seule suffit à éveiller le doute. Car toute la suite du texte présente une vision totalement contraire à cette formulation : Jésus y parle du monde comme d’un lieu d’illusion, du rôle du Démiurge, des archontes, et d’un retour non pas vers un salut extérieur, mais vers la connaissance intérieure.
Si l’on lit avec attention, on sent que l’ajout de cette phrase sur les “miracles pour le salut de l’humanité” est une tentative maladroite de réintégrer le Jésus chrétien traditionnel dans un texte qui le contredit de fond en comble. Le salut, dans la Gnose, ne vient jamais de l’extérieur. Il ne s’agit pas d’être “sauvé”, mais de se souvenir. Le mot même de salut est inadapté ici, car il appartient au vocabulaire du christianisme dogmatique, et non à la vibration gnostique.
Les archanges Michel et Gabriel : une autre incohérence
Plus loin, le texte parle de deux types d’humains : ceux dont les corps ont reçu “l’esprit” de l’archange Michel, et ceux qui ont reçu “l’esprit éternel” de la part de Gabriel. Cette affirmation peut surprendre — car dans la vision gnostique authentique, ni Michel ni Gabriel ne sont des figures reliées à la lumière véritable.
Il est hautement probable que cette section soit un ajout tardif, ou une tentative d’interprétation symbolique mal comprise.
Les archanges tels que Michel et Gabriel sont traditionnellement des émanations du monde astral supérieur, liées aux couches les plus raffinées de la psyché, mais pas à l’étincelle divine.
Dans l’Évangile de Judas, Jésus explique clairement que seul celui qui porte en lui quelque chose d’origine divine — une étincelle du Plérôme — pourra échapper au cycle des générations. Alors pourquoi parler d’archanges comme donneurs d’esprit ?
Dans la vibration intérieure du texte, ces éléments détonnent. Ils ne résonnent pas comme le reste. Ce sont des tentatives d’adoucissement, de confusion, ou même de récupération par les plans intermédiaires.
Une lumière si forte dans l'Évangile de Judas qu’elle dérange
Ce n’est pas un hasard si l’Évangile de Judas a mis autant de temps à être reconnu, ni si son message a été retravaillé. Il contient une puissance vibratoire qui échappe aux systèmes religieux. Il ne fait pas de Jésus un sacrifice, mais un révélateur. Il ne fait pas de Judas un traître, mais un dépositaire d’un savoir profond. Et il n’invite pas à la foi… mais à la conscience.
Cela dérange, car une telle lumière n’est pas compatible avec les dogmes qui reposent sur la peur, la soumission ou la culpabilité.
Alors on modifie, on ajoute quelques mots, on parle de miracles, de salut. On insère subtilement des figures connues pour tenter de rassurer le lecteur, mais l’esprit du texte, lui, ne se laisse pas falsifier.
Car ce que Jésus dit dans l’Évangile de Judas est limpide. Il dit que ce monde est dirigé par d’autres puissances, que les prêtres de son époque — et ceux qui les suivront — n’ont pas connu le Père véritable. Il dit que le Royaume n’est pas ici, mais en ceux qui s’en souviennent.
Lire avec les yeux de l’Être
Face à ces falsifications, la question n’est pas tant de rejeter le texte, mais de savoir comment le lire. Lire l’Évangile de Judas avec les yeux de la mémoire intérieure, c’est entendre ce qui vibre au-delà des mots. C’est sentir ce qui a été ajouté… et ce qui a été préservé malgré tout.
Car ce texte garde, même voilé, des perles de vérité profonde. Il contient des paroles que l’on ne peut pas inventer, car elles viennent d’un lieu qui échappe au mental. Il parle de l’homme véritable, du monde au-delà de ce monde, de ceux qui vivent dans la chair, mais n’appartiennent pas à ce monde.
Il nous revient, à nous, porteurs de cette mémoire, de redonner au texte sa lumière originelle. Non pas en le corrigeant ligne par ligne, mais en le recevant autrement. Avec le cœur, avec ce feu intérieur que rien ne peut tromper.
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Ce qui ne peut être falsifié
Il existe un lieu en toi que nul ne peut manipuler.
Un espace sans mots, sans croyances, sans histoire.
C’est là que tu reconnais la vérité, même quand elle est cachée.
Même quand on l’a entourée de mensonges.
La mémoire du Plérôme n’a pas besoin d’être prouvée.
Elle brûle en silence au fond de ceux qui n’ont jamais oublié.
Et même si les textes sont déformés, même si les mots sont repris,
La vibration d’origine traverse encore. Et elle te touche.
Car ce qui vient du Très-Haut ne peut jamais être perdu.
Seulement voilé. Et tu es ici pour le dévoiler.
Pascale de Tol
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