Les symboles dans la Gnose : clés du souvenir intérieur
- Pascale de Tol
- 13 juil.
- 5 min de lecture

Dans la Gnose, tout est langage intérieur. Il n’existe pas de vérité imposée, figée dans des dogmes extérieurs. Ce qui est vrai ne s’impose pas : cela résonne.
Et parfois, cette résonance ne passe pas par des mots, mais par des formes, des images, des archétypes. On les appelle des symboles. Ils ne sont pas là pour embellir un texte ou décorer une pensée, ils sont là pour réveiller ce qui dort en nous. Ils parlent à la mémoire oubliée, à cette part silencieuse qui reconnaît ce qu’elle a toujours su, sans l’avoir appris. Dans la Gnose, le symbole est un passage, un miroir, un éclat du monde d’en haut venu nous murmurer que nous ne sommes pas d’ici.
Pourquoi la Gnose utilise des symboles
Le symbole comme langage du cœur
Contrairement aux discours religieux classiques qui cherchent à convaincre par des affirmations, la Gnose parle à travers l’oubli. Elle ne crie pas, elle ne démontre pas. Elle propose des images qui vibrent, qui percent doucement le voile de l’oubli. Le symbole n’est pas là pour être compris par l’intellect, mais pour être reconnu intérieurement. Il agit comme une clé vibratoire.
Il ne dit pas “voici la vérité”, mais il invite : “souviens-toi de ce que tu es”.
Une sagesse voilée, non imposée
Depuis les premiers textes gnostiques, les symboles sont utilisés pour transmettre une connaissance qui ne peut pas être dite de manière directe.
Pourquoi ? Parce que celui qui n’est pas prêt à entendre en ferait un usage extérieur, ou le déformerait. Le symbole protège, Il voile ce qui ne peut être vu sans préparation intérieure. Mais pour celui ou celle dont la mémoire s’éveille, le voile ne cache plus : il révèle.
Ce que les symboles réveillent en nous
Lorsque nous sommes touchés par un symbole – sans forcément savoir pourquoi – c’est souvent que quelque chose en nous reconnaît sa vibration. Il ne s’agit pas d’analyse intellectuelle, mais d’un mouvement du cœur, d’une clarté subtile. Un symbole peut nous habiter des jours, des semaines, et finir par nous livrer un sens intime, souvent intransmissible par les mots. Il agit de l’intérieur.
Les principaux symboles gnostiques et leur sens profond
La colombe : la sagesse incarnée
Dans les textes gnostiques, la colombe représente souvent Sophia, la Sagesse divine. Elle symbolise la descente de la lumière dans la matière, mais aussi la pureté, la douceur, la mémoire de l’origine. Elle est l’étincelle qui a chuté sans perdre sa nature. Elle cherche à remonter, à s’unir de nouveau à la Source. Elle vole au-dessus du chaos, sans s’y poser.
L’étincelle de lumière : mémoire du Très-Haut
C’est l’image centrale de la Gnose. L’être humain, dans sa dimension profonde, n’est pas une âme au sens psychique, mais une étincelle divine tombée dans la matière. Cette étincelle est ce qu’il y a de plus pur, de plus vrai. Elle ne peut être souillée, mais elle peut être oubliée. Elle est le souvenir du Royaume d’en haut. C’est elle que l’éveil vient réveiller.
Le voile : l’oubli à traverser
Dans l’Évangile de Marie-Madeleine ou l’Évangile de Judas, il est souvent question de voiles à franchir. Le voile symbolise l’illusion, la séparation, le mensonge cosmique. Ce monde est un théâtre de voiles superposés. La vérité ne se gagne pas par des réponses, mais par la traversée de ces voiles : conditionnements, croyances, émotions, mémoires. Le voile tombe lorsque l’on cesse d’y croire.
Le désert : l’épreuve sacrée du retour
Le désert est une image forte dans la tradition spirituelle. Mais dans la Gnose, il prend une résonance intérieure : le désert est l’espace nu, vide de toute illusion, dans lequel l’Être peut enfin se souvenir. C’est un lieu symbolique où tout ce qui est superflu disparaît. Il ne reste que la vérité nue, sans décor. C’est souvent là que commence le retournement.
L’arbre inversé : racines en haut, branches en bas
Certains textes gnostiques décrivent l’univers comme un arbre à l’envers : ses racines sont dans le Plérôme (le Royaume d’en haut), ses branches s’étendent vers le bas, dans la matière. Ce symbole nous invite à comprendre que ce monde est une inversion de la vérité, et que pour se reconnecter, il faut cesser de croire que la racine est ici. La vraie source est au-delà.
Le serpent : celui qui ouvre les yeux
Dans certaines écoles gnostiques (comme les ophites), le serpent de la Genèse est vu non comme un tentateur, mais comme un révélateur. Il est celui qui invite à voir, à sortir de l’obéissance aveugle. Il ne représente pas le mal, mais le choix de la connaissance intérieure. C’est un symbole ambivalent, car il peut aussi représenter la ruse des archontes. Tout dépend de ce qu’il incarne : réveil ou pouvoir.
Les archontes : les gardiens de l’illusion
Les archontes sont des figures-clés de la cosmologie gnostique. Ils ne sont pas des symboles abstraits, mais des forces réelles qui maintiennent les êtres dans l’oubli. On peut les voir comme des symboles des mécanismes intérieurs de peur, de contrôle, de séduction, mais aussi comme des entités vibratoires agissant sur les plans subtils. Les reconnaître, c’est déjà s’en libérer.
Le nom caché : retrouver la vibration originelle
Dans les textes gnostiques, le nom véritable de Dieu n’est jamais donné. Il est souvent remplacé par des appellations vibratoires comme Bythos, Barbelo, Autogenès, ou le Père invisible. Ces noms sont des symboles de la vibration originelle, des échos du monde d’en haut. Retrouver le “nom” ne signifie pas le prononcer, mais le reconnaître en soi, dans le silence du cœur.
L’eau et le feu : deux portes intérieures
L’eau symbolise la purification intérieure, la mémoire profonde, la fluidité du retour. Le feu symbolise la lumière, l’embrasement de l’étincelle, la brûlure du faux. Dans la Gnose, ces deux éléments sont complémentaires : l’eau dissout l’illusion, le feu révèle l’essence. Les traverser, c’est mourir au monde et renaître en soi.
Le chiffre 7 : le chemin de dénudement

Le chiffre 7 apparaît souvent : les 7 puissances, les 7 voiles, les 7 cieux, les 7 archontes… Il symbolise les couches de l’oubli que l’âme doit traverser pour retrouver la lumière. Ce chiffre n’est pas magique : il est initiatique. Il indique un chemin de dénudement, d’allègement, où chaque étape est une libération d’un mensonge.
Comment entrer en relation avec un symbole
Voir avec l’âme, pas avec les yeux
Un symbole ne se comprend pas. Il se reçoit. Il se laisse approcher dans le silence. Pour qu’il parle, il faut cesser de vouloir l’analyser. Il ne livre pas un sens, mais une vibration. Il ne répond pas aux questions : il les transforme.
Se laisser traverser au lieu d’analyser
Lorsque tu rencontres un symbole – dans un texte, un rêve, une intuition – ne cherche pas d’abord sa signification extérieure. Reste avec lui. Laisse-le te parler dans son langage. Demande-toi non pas ce qu’il veut dire, mais ce qu’il éveille en toi.
Quand un symbole nous appelle
Parfois, un symbole te suit. Il revient dans ton esprit, dans tes rencontres, dans tes méditations. Cela signifie souvent qu’il a quelque chose à te dire, ou qu’il agit comme un rappel intérieur. Ne force rien. Mais reste à l’écoute. Ce n’est pas toujours un message à comprendre. C’est un passage à franchir.
Conclusion : Le symbole ne dit pas, il montre
Dans la Gnose, tout est invitation à se souvenir. Le symbole ne parle pas à celui qui veut savoir. Il parle à celui qui veut redevenir. Il ne transmet pas une connaissance extérieure, mais réveille une mémoire intérieure. Ce que tu ressens face à un symbole authentique, c’est peut-être déjà un fragment du Royaume qui t’appelle à revenir.
Tu n’as pas besoin de comprendre les symboles, tu as besoin de les reconnaître.
Pascale de Tol
En accord